(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)
🟠 L’épisode :
00:00 Intro : L’hypnose régressive comme voyage dans le temps ?
01:07 La petite histoire de Bridey Murphy, pionnière de l’hypnose régressive
06:53 Le mag gratuit « La petite Histoire » contre les manipulations
07:27 3 techniques de l’hypnose régressive
14:02 3 astuces pour éviter les problèmes lors d’une séance d’hypnose régressive
19:25 Récapitulatif
21:18 Conclusion sur Bridey Murphy
21:37 Pour lutter contre les manipulations
22:05 Teaser du prochain épisode (La création d’un faux personnage – l’arnaqueur de Tinder)
ERRATUM : A 5:22 ce n’est pas « 1906 » mais « 1806 ».
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🟠 Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
Vous pouvez télécharger tous les numéros ici
🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.
À chaque épisode, je vous présente une histoire de manipulation et vous propose d’analyser les techniques manipulatoires utilisées.
Chaque épisode se termine par quelques conseils pour éviter les situations de manipulation et en sortir.
🟠 Une question sur le magazine ou sur le podcast ?
contact@coralinehausenblas.com
LinkedIn : Coraline Hausenblas
🟠 Je suis Coraline Hausenblas, psychomotricienne Diplômée d’Etat et auteure.
Passionnée par les notions de communication et de relation, je travaille depuis plusieurs années sur les communications manipulatoires.
Je suis aujourd’hui spécialisée en analyse de documents écrits.
🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique
Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète ici :
🟠 Transcription de l’épisode :
1952, dans le Colorado.
Une femme est allongée sur le canapé de son salon, les yeux clos, la respiration lente.
À ses côtés, son époux, Morey Bernstein, homme d’affaires et praticien en hypnose à ses heures perdues.
Celui-ci parle lentement, sa voix n’est plus qu’un murmure.
Il pose des questions et obtient des successions de petits bruits inaudibles pour toute réponse.
Tant d’efforts déployés pour un si faible résultat.
Mais soudain, les lèvres de Virginia Tighe se desserrent. Les onomatopées deviennent de vraies paroles.
Seulement voilà : la femme dit s’appeler Bridey Murphy. Encore plus étrange, elle dit qu’elle est Irlandaise et… qu’elle vit en 1806.
Alors l’époux hypnothérapeute, se sent pousser des ailes.
Les séances se multiplient et à chacune d’elle, Virginia repart dans cette vie qui semble avoir été la sienne … il y a longtemps.
Bien sûr, on ignore quel protocole Morey utilise. On ignore aussi quels effets les suggestions ont sur Virginia.
Nous sommes dans les années 50 et il faut dire qu’à cette époque, les neurosciences sont au stade embryonnaire.
Qu’importe ! Ce qui compte, c’est que Virginia parle, explique, donne des détails.
Bref, Virginia se souvient !
Et les détails commencent même à s’affiner.
Elle vit à Cork en Irlande. Elle a 8 ans.
Elle distingue bien les visages de ses parents, Duncan et Kathleen Murphy.
Un autre jour, c’est son mari qu’elle voit.
Enfin, le mari … d’avant.
Cette fois, elle vit à Belfast.
Elle s’est mariée jeune et maintenant, elle coule des jours paisibles pendant que son époux enseigne au Queen’s University de Belfast.
Et puis, un jour, elle dit se voir mourir.
Une chute. Une simple chute lui a coûté la vie. C’était en 1864.
Morey, lui, n’en perd pas une miette.
Tous les détails sont retranscrit sur papier et bientôt, on contact la presse locale.
En 1954, le Denver Post réalise plusieurs articles.
Mais, il en faut plus.
Alors, en 1956, c’est un livre, L’histoire de Bridey Murphy, qui est publié.
Le succès est immédiat.
Un nouvel outil est sur toutes les lèvres, tantôt pour l’encenser, tantôt pour le critiquer : l’hypnose régressive.
Si l’hypnose était déjà sur le devant de la scène au XIXème siècle, elle fait un retour en force dans la presse et dans l’esprit du public, avec cette fois cette folle promesse : on peut désormais accéder à ses vies passées et les revivre.
Après le succès du livre, après qu’Hollywood en ait fait un film, les critiques donnent de la voix pour rétablir quelques faits.
On a beau chercher, on ne trouva jamais aucun document au nom d’une Bridey Murphy ayant vécu à Cork ou à Belfast au XIXème siècle.
Il faudra encore plusieurs années pour apprendre quelques faits étranges.
Lorsque Virginia Tighe était enfant, un immigré irlandais du nom de Birdie Murphy Corkell vivait dans sa rue.
Et à quelle date, ce monsieur avait-il immigré aux Etats-Unis ? je vous le donne en mille … 1806.
Mais, alors Duncan et Kathleen, les parents ?
Inconnus au bataillon.
Et le mari ? Le professeur à la Queen’s university de Belfast ? Il a bien existé lui ?
Encore loupé !
Cette université n’existait pas encore à l’époque.
Le couple Virginia/Morey a été vu pendant longtemps comme la source d’un canular.
Mais, il est bien possible qu’ils aient été en quelque sorte, les dindons de la farce.
Vivant à une époque où les mystères du cerveau étaient encore peu explorés, le couple a peut-être voulu croire à l’histoire qui se déroulait à chaque séance.
Ne comprenant pas que le cerveau est un peut-être l’engin le plus performant quant il s’agit de nous bercer d’illusions …
Et oui, le cerveau est beaucoup plus puissant qu’on ne le pense et surtout, il nous joue des tours.
Si dans les années 1950, Virginia et Morey n’avaient que très peu de moyens de comprendre comment fonctionne la production d’images mentales, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Alors, on va voir trois explications les plus courantes pour expliquer le phénomène de vie passée.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’hypnose et ses limites, téléchargez à la fin de l’épisode le premier numéro du magazine gratuit « La petite Histoire » ici.
Dans ce numéro, il y a un article entier consacré aux limites dont on ne parle que trop peu sur l’hypnose.
Donc, si le sujet vous intéresse, c’est sur coralinehausenblas.com que ça se passe.
Donc, pour essayer d’y voir un peu plus clair sur ce qui se passe quand on se trouve dans une séance d’hypnose en général mais, surtout d’hypnose régressive en particulier, c’est :
1) de comprendre ce qu’est la suggestion
La suggestion c’est la capacité d’inciter une pensée ou une action à quelqu’un d’autre.
Et une séance d’hypnose repose sur votre niveau de suggestibilité.
Ce qui fait la raison d’être de l’hypnose en fait aussi sa plus grosse critique.
Car la suggestion c’est précisément ce qui peut entraîner la création de faux souvenirs.
Et ça n’est pas forcément volontaire de la part de l’hypnothérapeute d’ailleurs.
Mais, volontaire ou non, ça ne change rien au problème.
A partir du moment où l’on vous suggère quelque chose, votre cerveau va répondre à la suggestion.
Les premières suggestions mettent en place la structure narrative que votre cerveau prépare, et les suivantes ne font que renforcer l’histoire qui se met en place.
S’il a été prouvé que l’hypnose est intéressante dans le cadre des anesthésies par exemple, elle est loin d’avoir fait ses preuves dans tous les domaines.
Et puis, on oublie trop souvent que tout le monde n’y est pas sensible !
Nous avons tous et toutes des niveaux de suggestibilités différents
Personne ne sait à l’avance comment il réagira sous hypnose donc mieux vaut bien se documenter avant.
2) Comprendre le phénomène de cryptomnésie
La cryptomnésie c’est un phénomène très impressionnant qui montre bien comment notre cerveau peut nous tromper.
C’est un processus mental qui consiste à créer une pensée, une idée ou un souvenir, à partir de souvenirs anciens stockés dans notre mémoire mais qu’on aurait oublié.
En gros, c’est un collage de différents souvenirs qui peut amener à en créer un nouveau ou c’est un ancien souvenir qui revient à la mémoire mais qui va être interprété comme une nouvelle information.
Ce phénomène est très connu aujourd’hui en psychologie de la mémoire mais, il est vraiment compliqué à dénouer.
Pour expliquer l’histoire de Bridey Murphy, la cryptomnésie a souvent été évoquée.
Dans les propos de Virginia, on a finit par découvrir pas mal de bribes d’informations qui venaient de son enfance, de la vie de ses parents et même de la vie de son époux Morey.
3) Les émotions
On touche ici au sujet le plus sensible.
Parce que souvent on entend les tenants de la réalité des vies passées dire que si de fortes émotions sont présentes lors d’une séance d’hypnose régressive, c’est la preuve que le souvenir est vrai.
Alors, on va aller droit au but : c’est faux !
Toutes les images mentales produites par notre cerveau peuvent contenir une énorme charge émotionnelle.
Rien que la nuit dernière !
Certains d’entre nous ont fait un cauchemar.
Et alors, qu’avez vous ressenti ? De la peur, de la terreur ?
Votre corps s’est agité dans le lit. Il y a même peut-être des larmes qui ont réellement coulé sur vos joues !
Et pourtant, quand le réveil a sonné, vous avez fait un bond dans le lit et vous vous êtes réveillé.
C’était fini, mais les émotions elles, ont pu vous suivre toute la journée
Parce que nos émotions, elles peuvent être très très fortes, même quand on rêve.
Mais ça ne signifie pas que votre cauchemar était réel.
Un fait peut être faux et créer une émotion vraie.
Je répète : Un fait peut être faux et créer une émotion vraie.
Nos émotions ne sont pas liées à la véracité d’un fait !
On sait aujourd’hui de façon scientifique, que le cerveau traite un vrai souvenir et une image mentale construite de la même façon.
Il ne fait aucune différence, pas même émotionnelle.
Et notre cerveau produit des images mentales à longueur de jour et de nuit.
Parfois on en a pas conscience, parfois ces images s’accrochent à nous.
C’est un vrai problème car, comment faire la différence entre un souvenir d’un événement qui a réellement eu lieu et une image mentale qui semble réelle mais ne l’est pas ?
C’est tout le problème de ce qui se passe en état d’hypnose régressive.
Si vous allez en séance pour repartir dans vos vies passées, vous envoyez à votre cerveau le signal qu’il peut et même qu’il doit, produire des images … de vies passées.
Alors, c’est ce qu’il va faire.
Et oui, les émotions pourront se greffer sur les images pour leur donner encore plus de consistance.
Mais, est-ce que les émotions prouvent que les images sont réelles ?
Absolument pas !
Elles prouvent que votre cerveau fait ce qu’on lui a demandé : il a crée une histoire.
On l’aura compris, l’un des gros problèmes avec l’hypnose, c’est que c’est super difficile de faire la part des choses entre fiction et réalité.
Alors, si vous souhaitez consulter un hypnothérapeute, voici quelques petites choses dont il faut se souvenir.
1) L’hypnose n’est pas réglementée
Et oui, l’hypnose est partout, mais elle n’est pas légalement réglementée !
Et pour éviter les situations dangereuses, mieux vaut toujours s’adresser à des personnes qui sont dans le domaine médical et paramédical.
Parce qu’avant une séance, vous ne savez pas ce que votre cerveau vous réserve.
Les images mentales que vous produisez sous suggestibilité peuvent être toute douce ou toute mimi.
Mais, ça peut aussi être tout l’inverse.
Il y a quelques années, j’ai discuté avec des personnes qui avaient fait une séance d’hypnose régressive.
L’idée c’était qu’en connaissant leur « passé », ces personnes pourraient trouver la cause de leur problème dans cette vie.
L’une de ces personnes s’est vu subitement sur un champs de bataille. Et avant qu’elle ai pu comprendre quoique soit à la situation, elle a vu un soldat se prendre un abus juste devant elle. Les images qui ont suivi ont été celles de la longue agonie de cet homme dont la moitié du visage était arraché.
Elle a dû appeler un psychologue en urgence pour commencer un travail de prise de distance émotionnelle avec les images qui étaient désormais incrustées dans sa tête.
Cette personne n’avait aucun problème d’anxiété ou de syndrome post traumatique avant sa séance d’hypnose.
Elle en a eu un après…
Encore une fois, vraie ou non, les images mentales peuvent être très violentes et créer énormément de stress et d’émotions fortes.
Et face à de telles images, la question n’est même plus de savoir si elles viennent d’un souvenir passé ou non, tout le problème sera de vivre avec !
L’idée n’est pas de vous dire quoi faire.
Si vous me suivez depuis les premiers épisodes, vous savez qu’ici on est là pour parler manipulation pas pour blâmer les victimes.
Mais, s’il vous plaît, ne laissez pas votre esprit entre les mains de n’importe qui !
Et entourez-vous de professionnels qui pourront vous aider à gérer les images mentales et les émotions associées et à prendre du recul.
2) Au premier rdv, ne faites rien, posez des questions
Dites tout de suite que vous ne voulez pas de séance mais simplement vous présenter et comprendre comment ça marche.
Ça vous permettra de rencontrer le praticien, de voir à quelle école de pensée il appartient, de voir comment il travaille.
Ça vous permettra aussi de voir si le feeling passe, si vous vous sentez à l’aise.
Ecoutez-vous et n’hésitez pas à filer vite fait si quelque chose cloche dans les paroles ou les attitudes du praticien.
3) Un dernier point mais super important : L’hypnothérapeute ne doit ni valider ni invalider ce que vous dites en séance.
L’hypnothérapeute n’est pas là pour vous dire que les images mentales que vous voyez sont vraies… mais il n’est pas là non plus pour dire qu’elles sont fausses !
Si le concept de neutralité est un peu du flan selon moi, il y a un autre concept qui lui est bien valable c’est ce lui de la distance professionnelle.
Le professionnel n’est pas là pour vous faire croire quelque chose.
Il n’est pas là non plus pour invalider ce que vous dites non plus.
Il doit simplement recevoir ce que vous dites et débriefer avec vous ensuite.
Mais, n’acceptez jamais que ce soi l’hypnothérapeute qui vous dise :
« Ah ça, c’est sur c’est une vrai souvenir de vie passée »
La vérité ? C’est qu’il n’en sait foutrement rien !
Comme on l’a vu dans le premier épisode avec les médiums, pensez surtout à demander à filmer ou au moins à enregistrer les séances.
Comme ça, vous pourrez regarder à tête reposée, plusieurs jours ou semaines après, et vous faire une opinion du déroulement des séances.
Donc, on récapitule les points qu’on a vu dans cet épisode :
Ce qui peut se passer pendant une séance d’hypnose :
1) Le phénomène de suggestion
2) Le phénomène de cryptomnésie
3) Une mauvaise compréhension du rôle des émotions et des images mentales
Comment vous pouvez sécuriser au maximum un rendez-vous :
1) choisissez un professionnel de santé médical ou paramédical qui peut vous proposer une prise en charge globale et qui saura quoi faire face à des émotions trop fortes ou d’éventuelles images traumatiques.
2) Le premier rdv dite que vous aimeriez juste poser des questions.
Poser le plus de questions possibles, voyez si le praticien connaît bien les ressorts de l’hypnose et surtout ses limites.
3) Souvenez-vous que le praticien n’est pas là pour valider ou invalider ce que vous dites.
C’est très important !
Personne ne peut vous forcer à adhérer à une histoire que vous savez fausse.
Au contraire, personne ne peut affirmer qu’un souvenir qui refait surface et qui possède un certain niveau de traumatisme, est faux.
En cas de difficulté émotionnelle ou traumatique, consultez sans tarder un professionnel de santé.
L’hypnose est aujourd’hui une technique en vogue.
Malheureusement, le fait qu’elle ne soit pas réglementée la rend vulnérable aux manipulations qu’elles soient volontaires ou involontaires.
Et pour revenir à Virginia Tighe : qu’est-elle devenue ?
Il semblerait qu’elle ai fuit la célébrité et soit retombée dans l’anonymat.
Son époux, Morey, semble avoir lui aussi, retoqué le rôle d’hypnothérapeute pour revenir à son premier métier, le business.
Alors, n’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations c’est d’apprendre comment elles fonctionnent.
Alors, si le sujet des manipulations vous passionne, rejoignez-moi tout de suite sur le site coralinehausenblas.com et inscrivez vous à la newsletter du site.
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Je vous retrouve tout de suite sur coralinehausenblas.com
Le prochain épisode sera consacré à la création de faux personnages.
On parlera d’une arnaque qui a fait beaucoup de bruit dans la presse : l’histoire de l’arnaqueur de Tinder.
On verra ensemble comment les arnaques sentimentales fonctionnent et surtout… pourquoi elles marchent.
En attendant de vous retrouver jeudi dans 15 jours,
je vous remercie d’avoir écouté cet épisode et n’oubliez pas :
« Un grand bobard, commence toujours par une petite histoire. »