Vos documents peuvent parler.
Ils peuvent même livrer de précieuses informations.
Mais pour les faire parler, il faut utiliser des techniques et pas n’importe lesquelles…
(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)
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🟠 L’épisode :
00:00 ⇒ Introduction de l’épisode
00:32 ⇒ L’expertise de documents c’est quoi ?
01:20 ⇒ C’est un ensemble de techniques
02:38 ⇒ C’est un travail transdisciplinaire
04:53 ⇒ C’est un travail basé sur des données
08:18 ⇒ L’étude des supports est essentiel
09:07 ⇒ La trace graphique
10:05 ⇒ Le scripteur
11:14 ⇒ Rejoignez-moi sur la Newsletter du site
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🟠 Envie d’aller plus loin dans les connaissances sur la manipulation ?
Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
Vous pouvez télécharger tous les numéros
🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.
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🟠 Une question sur le magazine ou sur le podcast ?
contact@expertisededocuments.com
LinkedIn : Coraline Hausenblas
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🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.
Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.
🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique
Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète
🟠 Transcription de l’épisode :
C’est quoi une expertise de documents ?
Dans les trois épisodes précédents, on a vu un exemple d’analyse qui a permis de prouver que la lettre du Titanic était un faux document historique.
Avec cet exemple en tête, on va voir aujourd’hui, ce qu’est l’expertise de documents.
Pour faire simple, l’expertise de documents c’est l’utilisation d’un ensemble de techniques, issues de plusieurs disciplines, pour permettre d’extraire les informations contenues sur un support où une trace graphique a été inscrite par un scripteur.
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On va maintenant décortiquer cette définition car elle contient plusieurs éléments importants :
Le premier élément c’est la référence à « Un ensemble de techniques »
L’expertise en documents ne repose pas sur l’utilisation d’une technique unique.
Pour mener une expertise de documents, on utilise plusieurs moyens et procédés, qui sont humains mais aussi technologiques.
La première technique est le recours à un protocole de détection des traces de manipulations psychologiques, présentes ou non, sur le document analysés.
Mais d’autres techniques se font en parallèle ou dans un deuxième temps.
Ce sont les techniques de recherches par microscopes par exemple, mais aussi toutes les recherches plus larges sur le papier, les encres et les objets ayant servis de support à la trace graphique analysée.
L’expertise de document c’est donc une discipline globale.
Et dans cette discipline globale, il n’y a pas de hiérarchie entre le travail humain et le travail technologique.
Les deux aspects sont essentiels pour obtenir des résultats fiables scientifiquement ce qui est très important car ce travail s’inscrit dans le monde des sciences médico-légales.
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Le deuxième élément essentiel dans une expertise de document c’est la notion de transdisciplinarité.
L’expert est souvent spécialisé dans l’analyse de texte et d’écriture mais cela ne signifie pas qu’il ne connaît que l’écriture et son développement.
Pour expertiser un document, il faut disposer d’un ensemble de connaissances et de pratiques ou faire appel à celles d’autres professionnels.
On a longtemps cru que la graphologie et l’expertise en écriture était l’Alpha et l’Omega de l’expertise de texte et de document.
Je ne vais pas revenir sur la graphologie, je ne fais pas mystère des griefs que j’ai contre cette approche et j’ai consacré un dossier entier à ce sujet dans le numéro 03 du magazine gratuit « La petite histoire ».
Je vous recommande d’aller télécharger gratuitement votre exemplaire pour comprendre toutes les limites de la pseudo-science qu’est la graphologie en suivant ce lien.
Se concentrer uniquement sur l’écriture et la graphie est trop restrictif et explique probablement les grands ratés dans certaines affaires criminelles.
L’expertise de document s’appuie donc sur toutes les disciplines qui entourent l’acte graphique.
Ces disciplines sont : la psychologie, la psychomotricité, la linguistique, la physiologie, l’anatomie, auxquelles on peut ajouter, selon les types de documents à analyser : la consultation d’historiens, de criminologues, de psychiatres et plus largement tout professionnel pouvant apporter un éclairage sur un document.
L’expertise de documents est une méthode globale, transdisciplinaire.
On a tellement segmenté les disciplines, les experts sont tellement hyper-spécialisés aujourd’hui, qu’il faut être sûr d’avoir mandaté toutes les disciplines pour obtenir des conclusions globales et fiables. Sinon, on a une perte colossale d’informations et de données et donc des résultats biaisés.
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Le troisième élément essentiel c’est le fait d’extraire des informations contenues sur un support.
L’expertise de document n’invente rien !
Elle doit partir de ce qui est sur le document et de ce qui est contenu dans le document examiné.
Que ce soit en terme de graphie ou d’utilisation des mots, de la syntaxe, des signes de ponctuation ou de la présence de symboles, le but est d’extraire le maximum d’informations pour pouvoir mettre en évidence les signes d’authenticité d’un document ou les traces de manipulation de la communication.
On regarde les éléments quantitatifs, c’est à dire ce qui peut amener à des données chiffrées mais on regarde aussi les éléments qualitatifs, c’est à dire ce qui peut faire l’objet d’hypothèses.
Là encore, les deux aspects fonctionnement ensemble et ne doivent pas être hiérarchisés.
S’il est important d’avoir des données chiffrées, il est tout aussi important de pouvoir évoquer des éléments peut-être moins objectivables mais tout aussi pertinents.
Par exemple, dans l’analyse sur la fausse lettre du Titanic, j’ai quantifié toutes les graphies utilisées pour montrer que l’écriture était totalement anachronique par rapport à l’époque.
Mais le fait de relever l’utilisation du verbe « prévenir » a été un autre élément pour mettre en évidence cet anachronisme. Ça a constitué un « Red Flag » important, c’est à dire un indice de manipulation.
Toutes les informations doivent être prises en compte sans parti pris et sans querelles d’école.
Ce qu’il faut éviter à tout prix, ce sont les interprétations infondées, partisanes, ou qui prétendent être des faits.
On peut poser toutes les hypothèses tant qu’il est clair que ce sont des hypothèses.
Le plus grand danger dans ce genre de travail est de confondre, sciemment ou de façon involontaire, les notions d’hypothèse et de vérité.
Expertiser un document c’est réaliser une véritable enquête. Il faut jongler entre différents aspects et différents champs de compétence et l’aspect psychologique d’un document est très important, notamment par exemple, dans les lettres de menaces et de harcèlement.
L’expertise de documents c’est réaliser parfois de véritables profiling comportementaux et donner des indications sur le scripteur en terme d’âge, de genre, de milieu socio-professionnels, etc.
Mais, il convient d’être toujours prudent, et le profiling doit être argumenté. Il ne peut pas uniquement reposer sur l’autorité de l’expert ou sur des théories qui n’ont jamais été prouvées scientifiquement.
C’est particulièrement vrai quand il s’agit de documents liés à des affaires criminelles.
Il faut toujours se souvenir que la vie des personnes est en jeu et qu’on ne peut pas dire n’importe quoi même si une théorie est séduisante.
C’est une des raisons pour lesquelles il faut toujours travailler sur la base d’un protocole scientifique pour être en mesure de clarifier ce dont on parle.
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Une petite parenthèse avant de continuer : N’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !
Et pour ça, si cet épisode vous aide mais que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site
C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.
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Le quatrième élément essentiel est le support.
La question du support est très importante à prendre en compte.
Quand on parle de document, on a tendance à penser qu’il ne peut s’agir que d’une feuille de papier.
Or, l’expertise de documents est un travail beaucoup plus large qui peut être fait sur des supports papier mais aussi des supports numériques.
Plus largement encore, est considéré comme « document » finalement tout support sur lequel est laissé une trace graphique.
Un mur, un trottoir, un écran d’ordinateur, un miroir, j’en passe et des meilleurs, tout support sur lequel un message ou un symbole est laissé peut faire l’objet d’une expertise de document.
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Le cinquième élément essentiel est la présence d’une trace graphique.
Je parle bien plus de « trace graphique » que d’écriture.
Parce que la trace graphique est une notion bien plus large que celle d’écriture.
L’expert de documents peut analyser autant une écriture que des symboles par exemple.
Le moyen d’apposer la trace graphique est également important à prendre en compte.
S’il s’agit la plupart du temps d’encre, il peut s’agir également de sang, de peinture, ou de tout autre matière organique ou chimique.
Le support peut donc être mobile ou immobile, vertical ou horizontal.
Il est essentiel à prendre en compte car de lui dépend les adaptations psychologiques, cognitives et motrices du scripteur.
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Le sixième élément est évidemment le scripteur
Le scripteur c’est celui ou celle qui pose une trace graphique sur un support.
La plus grave erreur dans les méthodes issues de la graphologie est certainement d’essayer de dresser un profil de personnalité du scripteur à partir de son écriture.
On l’a vu, si la notion de profil est présente dans l’expertise de documents, ce profil doit toujours être basé sur des données factuelles et doit toujours être clairement énoncé comme une hypothèse et non comme une vérité.
Or, la notion de « personnalité » est problématique car elle ne possède pas de définition unique et universellement acceptée.
Il nous est bien difficile de définir ce qu’est la personnalité et rien que ce manque de définition pose problème à toute démarche scientifique.
Nous nous intéressons donc bien plus à la recherche de comportements qu’à celle d’une personnalité lorsqu’il s’agit d’expertise de document.
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En attendant de vous retrouver jeudi dans quinze jours, je vous remercie d’avoir écouté cet épisode et n’oubliez pas :
« Un grand bobard, commence toujours par une petite histoire. »