« Qui ne dit mot consent ». On a toutes et tous déjà entendu cette expression.

Le consentement, on entend ce terme un peu partout mais, comprenons-nous toujours ce qu’il signifie et surtout, toutes ses implications ?

(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)

🟠 L’épisode :

00:00 ⇒ Introduction de l’épisode

00:36 ⇒ Le consentement : une notion plus complexe qu’il n’y paraît

02:02 ⇒ Conseil Lecture : Le livre de Vanessa Springora « Le consentement »

03:03 ⇒ Agressions sexuelles et consentement : un mythe persistant

07:17 ⇒Les 3 stratégies de défense des victimes

09:21 ⇒ Rejoignez-moi sur la Newsletter du site

09:55 ⇒ La manipulation pour obtenir un consentement

🟠 Envie d’aller plus loin dans les connaissances sur la manipulation ?

Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
Vous pouvez télécharger tous les numéros

🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.

🟠 Une question sur le magazine ou sur le podcast ?

contact@expertisededocuments.com
LinkedIn : Coraline Hausenblas

🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.

Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.

 

🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique

Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète

🟠 Transcription de l’épisode :

Consentement : une notion plus complexe qu’il n’y paraît

Alors d’abord, avant d’aller plus loin, on va s’intéresser à la traditionnelle définition.

D’après le dictionnaire en ligne Larousse.fr, le consentement est : « l’action de donner son accord à un projet. Synonymes : acquiescement, approbation, assentiment »

Le consentement, c’est donc l’action de dire « oui ». Mais, si la définition semble claire, elle ne dit rien sur les modalités du consentement, sur le contexte dans lequel celui-ci se réalise.

Parce que dans la réalité, derrière une définition qui semble assez simple, il y a tout un tas de questions en suspend :

  • Le consentement doit-il toujours être verbalisé ou peut-il être tacite ?
  • Est-ce que l’observation des comportements, des attitudes corporelles, des comportements non-verbaux valent consentement ? Autrement dit, est-ce que je sais que la personne en face de moi consent à ce que je lui demande rien qu’en l’observant ?

Toutes ces questions, et bien d’autres, prouvent que derrière une notion apparemment simple, se cachent une réalité bien plus complexe.

J’ai voulu faire cet épisode de podcast après avoir lu le livre de Vanessa Springora qui s’appelle « Le consentement » et qui est paru aux éditions Grasset en 2020.

Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous le conseille vivement. C’est un témoignage de vie bouleversant et ce qui m’a particulièrement touchée c’est que l’auteure met en lumière un phénomène dont on parle peu : c’est le rôle de l’entourage qui parfois participe directement au fait que les abus sur la victime continuent et s’intensifient.

On aura l’occasion de revenir sur la question du rôle de l’entourage dans le maintien des relations toxiques dans ce podcast, mais en attendant, je vous conseille d’aller lire le livre de Vanessa Springora pour déjà vous faire une idée du problème.

La victime consentante : un mythe persistant

Demande -t-on à une victime de braquage, de vol à l’arraché, de passage à tabac, etc dans quelle mesure elle a consenti à son agression ? La réponse est évidente : Non.

Pourtant, c’est une des questions, plus ou moins explicites, qui surgit lorsqu’une victime d’agression sexuelle, de viol ou même d’inceste, parle des abus qu’elle a subi.

Disons-le tout net : pour moi, comme pour beaucoup d’autres criminologues, la notion de « victime consentante » est une notion toxique.

Elle laisse penser que les victimes de violences sexuelles, à l’inverse de toutes les autres victimes, sont toujours « un peu » consentantes à leur malheur, qu’elles y sont toujours « un peu » pour quelque chose.

« Il n’y a pas de fumée sans feu »

« Elle l’a un peu cherché »

« Elle a dit oui et puis elle a changé d’avis, ça prouve qu’elle était consentante »

 

Ce genre de phrases ne sont qu’un échantillon des propos qu’on entend souvent à propos des victimes d’agressions sexuelles ou de viols.

Alors petit rappel (qui va de soi, mais ça va mieux en le disant…) : On peut consentir à une relation sexuelle, on ne consent jamais à une agression sexuelle.

L’attaque sexuelle (agression ou viol) est une atteinte psycho-corporelle entraînant un traumatisme neurobiologique.

C’est une négation du territoire corporel de l’autre. Le corps de la victime devient la propriété d’un tiers qui s’autorise à en disposer à sa guise.

C’est un processus de déshumanisation totale car le viol physique est aussi un viol psychique qui va mettre à mal l’identité de la victime.

Les agressions sont toujours une négation de la notion de consentement

Alors avant d’aller plus loin, une petite précision terminologique pour qu’on s’entendent bien : quand je parle d’agresseur, je parle tout autant des hommes que des femmes !

Parce que oui, les femmes agressent aussi et certaines femmes se foutent tout autant de la notion de consentement que certains hommes.

Les agressions sexuelles sur adultes (comme sur les enfants) reposent sur des mécanismes de contrôle de l’autre et de dépersonnalisation de la victime par l’agresseur.

Ce qui caractérise toute agression, c’est son caractère rapide, violent, prenant au dépourvu la victime.

Celle-ci n’a ni le temps ni l’espace pour réagir, et encore moins de temps et d’espace pour consentir à quoi que ce soit.

Le principe même d’une agression repose sur le fait que l’agresseur ne demande pas son avis à la victime. Et c’est pour ça qu’on ne peut pas être à la fois victime et consentante ! Ces deux notions s’annulent l’une et l’autre.

Lorsqu’on est soudainement placé dans une situation de danger, on a en général 3 stratégies qui s’offrent à nous :

Fight c’est à dire, se défendre physiquement et psychologiquement

Flight,c’est à dire partir, quitter les lieux le plus rapidement possible

Freeze, c’est à dire littéralement « geler sur place » ou comme on l’appelle en langage technique être en état de sidération.

Et même s’il paraît totalement inadapté, c’est souvent, l’état de sidération qui prend le pas sur les autres. 

Le caractère rapide et souvent imprévisible de l’agression, la peur d’être blessés mortellement, c’est ce qui explique, entre autres, que les victimes disent souvent qu’au moment de leur agression, elles n’ont pu ni bouger ni crier.

Les victimes de violences sexuelles sont entourées de mythes injustes et injustifiés.

L’idée que quand on est adulte, il est plus facile de parler, de s’exprimer, de crier, et de se débattre est un stéréotype qu’on a bien du mal à faire sauter.

Une petite parenthèse avant de continuer : N’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !

Et pour ça, si cet épisode vous aide mais que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site

C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.

👇😃 A tout de suite ! 😃 👇

La manipulation pour obtenir un consentement

Arracher un consentement par la force ou par la ruse, mentir pour en obtenir un, c’est manipuler l’autre.

Et manipuler l’autre, c’est toujours le signe qu’une relation est toxique.

Il n’y a pas de victime consentante et aucune victime de violence, quelle qu’elle soit, ne devrait à répondre à la question : « étiez-vous consentante ? » tant cette question est absurde.

Encore une fois, dans le cas des agressions sexuelles : il est important de comprendre qu’on peut très bien consentir à une relation sexuelle. On ne consent jamais à une agression sexuelle !

Si cet épisode vous a été utile et que vous pensez qu’il pourrait aider d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager.

En attendant, de vous retrouver jeudi dans quinze jours pour un nouvel épisode, n’oubliez pas :

« Un grand bobard commence toujours par une petite histoire. »