NOTE IMPORTANTE : Cet épisode a été enregistré avant l’attaque du groupe terroriste hamas sur Israel le 7 octobre 2023. Depuis, les images des victimes de cet attentat, mortes ou vivantes, font le tour de tout les médias du monde et nous montrent comment ces médias sont utilisés par les terroristes pour semer la terreur. Cet épisode est dédié à la mémoire des victimes décédées et à l’espoir de retrouver sains et saufs tous les otages.

 

Les médias sont partout.

Si pendant longtemps, la seule source d’information était les journaux papier, aujourd’hui, nous sommes littéralement envahis par eux.

Télévision, presse écrite, radio, mais aussi podcast, vidéos, ou encore réseaux sociaux, on ne compte plus le nombre de supports qui, quotidiennement, nous diffusent de l’information.

A tel point, qu’il devient de plus en plus difficile de faire le tri entre info et intox.

Et si les nouveaux médias sont régulièrement pointé du doigt pour leur manque d’éthique, les médias traditionnels versent eux aussi souvent dans la facilité, jusqu’à basculer parfois dans l’ignominie.

Entre diffusion de l’information et respect des droits fondamentaux, l’influence des médias dans les affaires criminelles est un jeu d’équilibriste.

Pour le meilleur… comme pour le pire.

(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)

🟠 L’épisode :

00:00 ⇒ Introduction de l’épisode

01:14 ⇒ Le problème de l’influence des médias dans les affaires criminelles

03:53 ⇒ Le sensationnalisme

04:59 ⇒ La diffusion de fausses informations

05:27 ⇒ La violation de la présomption d’innocence

06:49 ⇒ Rejoignez-moi sur la Newsletter du site

07:18 ⇒ L’intrusion dans la vie privée

08:02 ⇒ La manipulation des témoins

09:28 ⇒ L’influence sur les jurés potentiels

09:42 ⇒ Conclusion

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Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
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🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.

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LinkedIn : Coraline Hausenblas

🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.

Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.

🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique

Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète

🟠 Transcription de l’épisode :

Bienvenue dans ce nouvel épisode du podcast, « La petite histoire des manipulations ». Ce podcast est consacré à la criminologie et à la criminalistique.

Je suis Coraline, experte en analyse de documents, et aujourd’hui on va parler d’un sujet complexe : les effets néfastes des médias dans les affaires criminelles.

Dans l’épisode 27 consacré à l’arrestation du criminel Unabomber, on a vu le rôle central qu’avait joué la presse. Sans la diffusion du manifeste écrit par le tueur, l’enquête n’aurait sans doute pas pu aboutir.

Et c’est vrai, que parfois, les médias sont un allié de choix pour les enquêteurs. Mais, ils sont aussi parfois leurs pires ennemis.

Mais, avant d’aller plus loin,quand on parle de «  médias » aujourd’hui, ça veut dire quoi ?

Et bien, déjà là, on voit que c’est complexe. Parce qu’aujourd’hui, j’ai envie de dire que nous sommes toutes et tous des médias.

La définition traditionnelle des médias a volé en éclat avec l’arrivée d’Internet et depuis, blog, vlog, posts divers et variés font de nous des véhicules d’informations mais aussi… de désinformation.

Parce que, oui, la pièce a toujours deux faces.

Si la démocratisation des médias a permis de faciliter la prise de parole et la circulation des informations, elle a aussi brouillé les pistes entre les activités d’enquêteurs, de journaliste ou de simples curieux.

Chacun d’entre nous est désormais un possible véhicule d’information mais aussi de désinformation, de fausses accusations et d’incitation au non respect des droits de l’Homme les plus basiques. Parfois, c’est fait sans penser à mal. Parfois, c’est fait tout à fait consciemment, au nom d’une idéologique X ou Y qu’on croit devoir défendre.

Mais, si encore ça ne touchait que les réseaux sociaux… les médias traditionnels ont eux aussi une longue histoire avec la désinformation et ont souvent contribué à ce que des affaires criminelles soient transformées en véritable cirque.

Et si vous croyez que j’exagère, on va faire aujourd’hui la liste de 6 effets néfastes des médias sur les affaires de justice, histoire de voir jusqu’où on peut tomber en se planquant derrière le droit à l’information.

Alors, on ne va pas perdre de temps, et on va commencer tout de suite notre liste.

Le premier effet néfaste qu’on va aborder, c’est un grand classique et c’est celui du Sensationnalisme.

Ce qui est reproché ici, c’est le fait que les médias ont souvent tendance à exagérer certains éléments d’une affaire tout en passant sous silence d’autres éléments. Ça entraîne souvent une distorsion de la réalité et ça contribue à la création de jugement précipités de la part du public.

Un autre énorme problème avec le sensationnalisme, c’est le traitement infligé aux victimes. Le fait de « balancer » les noms, les photos et tout un tas de détails parfois intimes sur une victime n’aide en rien la justice à faire son travail mais, ça permet de faire des vues sans trop se fouler et pourquoi pas, de gagner un billet au passage.

L’exploitation des victimes, vivantes ou mortes, sous couvert d’information soulève bien des questions sur l’éthique de ceux et celles qui en ont fait leur fond de commerce.

Le deuxième effet néfaste des médias sur les affaires criminelles, c’est la Diffusion de fausses informations.

Dans un monde où tout va vite et où chacun essaie d’avoir ses 5 minutes de célébrité, le fait de propager des d’informations rapides et non vérifiées crée une cacophonie qui non seulement brouille l’accès à la vérité mais nuit gravement au déroulement d’une enquête.

Et comme l’enfer se construit d’une multitude d’atteinte aux droits de l’homme, ces fausses informations génèrent un autre effet néfaste : la Violation de la présomption d’innocence.

Une couverture médiatique sensationnelle a parfois pour but d’influencer l’opinion publique et de l’inciter à préjuger de la culpabilité d’un suspect, violant ainsi un principe fondamental des Droits de L’homme : la présomption d’innocence.

Aujourd’hui, il est de bon ton d’utiliser les médias pour instiller régulièrement l’idée qu’une accusation publique vaut condamnation sans aucune forme de procès. Ici, l’idée est de court-circuiter les procédures juridiques et de décréter, tel un dieu tout puissant, qui est coupable et qui est victime. Plus besoin de preuves, plus besoins d’expertises, plus besoin d’enquête, ces nouveaux justiciers entendent reprendre les bonnes vieilles pratiques la présomption de culpabilité. Cette présomption de culpabilité qui a amené tant de gens sur les bûchers, guillotines et autres techniques de torture et de mise à mort, mais visiblement être faussement accusé est un non sujet pour ces médias qui utilisent le droit à l’information pour distiller leur idéologie non démocratique.

Une petite parenthèse avant de continuer : n’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !

Et pour ça, si cet épisode vous aide et que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site

C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.

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Quatrième effet néfaste des médias dans les affaires criminelles, c’est l’ Intrusion dans la vie privée.

Les médias, sous couvert du droit à l’information, peuvent se sentir autorisés à envahir la vie privée des individus impliqués dans une affaire criminelle. Ça rejoint le premier effet néfaste dans le sens où souvent cette intrusion est en lien avec une recherche de sensationnalisme. Pour les besoins d’un article, d’une vidéo Youtube ou autre, certains n’hésitent plus à donner des informations personnelles sur des habitations de personnes en lien avec une affaire criminelle. Au delà de la bêtise, le plus grave est la mise en danger de ces personnes qui voient parfois leur adresse divulguée.

Le cinquième effet néfaste des médias sur les affaires criminelles est la Manipulation des témoins. 

Plus la pression médiatique sur une affaire est forte, plus les influences sur les témoins liées à cette affaire sont fortes aussi. Loin d’aider les enquêteurs et la justice, ces pressions peuvent altérer les capacités de ces témoins à fournir des informations précises et impartiales, ce qui peut compromettre le déroulement de l’enquête et du procès.

Les fausses évidences créent et entretenues dans les médias influences les témoins mais pas seulement…

Elles ont aussi un effet sur les jurés potentiels.

Une affaire criminelle hautement médiatisée donne au public l’illusion qu’il connaît le dossier judiciaire. Or, c’est faux. Dans une enquête, il y a les informations que la police accepte de partager avec le public si elle pense que ça peut aider à la faire avancer. Mais, il y a surtout, une multitude d’éléments qui sont gardés secrets justement parce que leur divulgation peut nuire à l’enquête.

Lorsque les gens ont la mauvaise idée de révéler ces éléments cachés, ils mettent en péril l’enquête, ils jouent contre les victimes, et font le jeu des criminels qui voient leur chance d’échapper à la justice augmenter.

Mais, ils influencent également les potentiels jurés en exposant ces derniers à des informations hors cadre légal, ce qui peut créer la confusion dans leur esprit et rendre difficile leur obligation d’impartialité.

Conclusion :

Donc, en conclusion, si nous sommes toutes et tous aujourd’hui des véhicules d’information, nous assistons de plus en plus à des atteintes graves aux Droits de l’Homme au nom du droit à informer.

Jamais nous n’avons autant parlé de la reconnaissance des victimes.

Pourtant, ces victimes sont souvent la matière première de médias peu scrupuleux pour qui rafler un billet passe avant la décence humaine.

Jamais nous n’avons autant parlé de justice et d’accès égale à celle-ci. Pourtant, pour 5 minutes de gloriole, certaine personne n’hésite plus à réclamer le retour de système de justice inique qui ont coûté la vie, et coûtent encore la vie, à des personnes innocentes.

« L’enfer est pavé de bonnes intentions » dit l’adage.

Nous sommes aujourd’hui dans l’enfer de l’information et de ses nombreuses techniques de manipulation.

Si cet épisode vous a été utile et que vous pensez qu’il pourrait aider d’autres personnes, n’hésitez pas à le partager.

En attendant, de vous retrouver jeudi dans quinze jours pour un nouvel épisode, n’oubliez pas :

« Un grand bobard commence toujours par une petite histoire. »