Les pervers narcissiques sont-ils partout ?
Si on en croit certaines personnes, il semblerait que oui.
Mais, la question de la manipulation tient-elle réellement à l’apposition d’une étiquette qui finalement, ne veut pas dire grand-chose ?
C’est rassurant de penser que les manipulations psychologiques sont l’oeuvre de quelques esprits perdus.
Ça devient bien plus inquiétant quand on se rend compte que ces manipulations sont en réalité des systèmes de communication à part entière qui, pour fonctionner, ont besoin de bien plus qu’une victime …
(La transcription de l’audio en texte est disponible plus bas)
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🟠 L’épisode :
00:00 ⇒ Introduction de l’épisode
00:55 ⇒ Le problème du tout « personnalité »
02:33 ⇒ Le numéro 03 du magazine gratuit « La petite Histoire » est disponible
03:09 ⇒ En finir avec le terme « pervers narcissique »
07:30 ⇒ La différence entre « communiquer » et « manipuler »
09:51 ⇒ La notion de « co-responsabilité : Les victimes ne sont jamais co-responsables !
12:23 ⇒ Rejoignez la Newsletter pour des contenus bonus exclusifs
12:56 ⇒ Le prochain épisode : Qui sont les victimes de manipulation ?
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🟠 Envie d’aller plus loin dans les connaissances sur la manipulation ?
Ce podcast s’accompagne d’un magazine gratuit « La petite Histoire » qui vous propose des articles et analyses complètes autour d’histoires de manipulations historiques ou contemporaines.
Vous pouvez télécharger tous les numéros ici
🟠 « La petite Histoire des manipulations » est un podcast dédié à la prévention et à l’éducation contre les manipulations.
À chaque épisode, je vous présente une histoire de manipulation et vous propose d’analyser les techniques manipulatoires utilisées.
Chaque épisode se termine par quelques conseils pour éviter les situations de manipulation et en sortir.
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🟠 Une question sur le magazine ou sur le podcast ?
contact@coralinehausenblas.com
LinkedIn : Coraline Hausenblas
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🟠 Je suis Coraline Hausenblas, experte en analyse d’écriture et de documents.
Ancienne psychomotricienne Diplômée d’Etat, mon travail repose sur une approche transdisciplinaire qui mêle psychologie, psychomotricité, linguistique et criminologie.
Je suis membre de l’International Association for Forensic and Legal Linguistics et formée à la psychologie criminelle par le Forensic Criminology Institute de Sitka, USA.
🟠 J’ai publié en mars 2022 une analyse d’écriture complète et chiffrée pour prouver que la « lettre du Titanic » est un faux document historique
Vous pouvez télécharger l’analyse scientifique complète
🟠 Transcription de l’épisode :
Qui sont les manipulateurs ?
Cette question, on se la pose souvent.
Pour les uns, nous sommes tous des manipulateurs, pour d’autres c’est une question de personnalité.
Je ne suis d’accord ni avec la première affirmation ni avec la seconde.
On a maintenant des décennies de recherches sur les questions de soumission à l’autorité ou d’imitation sociale pour comprendre que nous sommes des animaux sociaux et que nos comportements sont toujours en lien avec notre environnement.
La question n’est donc pas de nier l’effet de ce qu’on appelle « la personnalité » mais de la remettre à sa juste place pour éviter de créer plus de problèmes que de solutions.
Le tout « personnalité » amène à penser qu’on naît manipulateur, qu’on reste manipulateur et qu’on meurt manipulateur.
Cette idée n’a aucun fondement scientifique mais elle permet à une société entière de scinder ses citoyens en deux classes : les gentils et les méchants.
Il y aurait donc des personnes manipulatrices dans l’âme, condamnées à manipuler et puis celles qui en seraient totalement dépourvues et qui ne manipuleraient jamais.
Et évidemment, nous aimons penser que nous faisons partie de la seconde classe.
Mais peut-être que pour lutter contre les manipulations, la question n’est pas « qui » sont les manipulateurs mais « comment » agissent-ils ?
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Depuis le 2 janvier 2023, le numéro 03 du magazine gratuit « La petite Histoire » est disponible.
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Et en plus, il est totalement gratuit !
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Si vous en avez marre que les manipulations dirigent votre vie, c’est le magazine gratuit « La petite Histoire » qu’il vous faut !
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Comment les manipulations fonctionnent-elles ?
On va voir maintenant 2 points fondamentaux pour comprendre ce que sont réellement les manipulations et pourquoi elles fonctionnent.
Le premier point pour comprendre les manipulations et leurs victimes c’est d’en finir avec le terme : « le pervers narcissique ».
Le terme « pervers narcissique » est un terme populaire mais qui n’a aucune valeur scientifique.
Et en plus, même son nom est une aberration : un pervers est forcément narcissique donc pas besoin d’utiliser cette redondance.
La question de linguistique mise de côté, le plus gros problème de ce terme c’est qu’il crée une classe de troubles de la personnalité qui n’existe dans aucun manuel de psychiatrie reconnue internationalement.
Ce qui est reconnue en revanche c’est ce qu’on appelle le narcissisme.
Mais attention ! Pour parler de personne narcissique encore faut-il avoir établi un diagnostic médical. Et c’est là où les ennuis commencent…
Parce que certaines personnes véritablement narcissiques échappent aux diagnostics parce que ce ne sont pas elles qui consultent un psychologue ou un psychiatre mais leurs victimes.
C’est un gros problème car il est difficile de mesurer la place réelle de ce trouble de la personnalité au sein d’une société.
Mais, ça ne doit pas être le prétexte pour recourir à un terme qui devient une sorte de « fourre-tout » dès qu’un comportement manipulatoire est détecté.
Personnellement, j’utilise le terme « égotisme » plutôt que « narcissisme » pour parler de ces personnes qui sont tellement auto-centrées qu’elles ne laissent aucune place à l’autre dans leurs communications et leurs relations.
Car la plupart du temps le terme « pervers narcissique » est une étiquette qu’on pose sur le front d’une personne, sur la base certes de ses comportements, mais certainement pas sur la base d’un diagnostic d’un trouble de la personnalité.
Quelle différence cela peut faire ? Une sacrée différence !
Parce qu’épingler quelqu’un et l’affubler d’un terme détourné de la psychiatrie revient précisément à utiliser une technique de manipulation qui s’appelle « la psychiatrisation ».
La psychiatrisation c’était une technique employée par les soviet pour disqualifier systématiquement leur opposants et justifier de leur internement psychiatrique.
Autant dire que c’est l’une des techniques manipulatoires les plus dégueulasses.
Donc le terme « pervers narcissique » en plus de ne vouloir rien dire, est en lui même pervers !
Ce qui me révolte dans le fait qu’on accoutume socialement les victimes à recourir à ce terme c’est qu’on les place dans un système lui-même manipulatoire !
On persuade les victimes que ce terme leur permet de comprendre et de se sortir des manipulations mais, en réalité, on les maintient dans un système de fausse croyance qui laisse penser que le problème qu’elles vivent tient uniquement à la personnalité de leur « bourreau ».
C’est très dangereux car c’est oublier l’ensemble des contextes qui permettent souvent que ces manipulations aient lieu.
Et c’est très grave ! Car souvent l’ensemble de ces contextes n’est pas identifié et donc la victime va souvent passer de relation en relation et se retrouver dans les mêmes situations de manipulation.
Les gens changent mais c’est toujours la même chose !
Et non, ce n’est pas forcément que la victime tombe toujours sur le même type de personne.
C’est souvent parce que les contextes qui favorisent la création et le maintien de la manipulation ne sont pas connus et identifiés.
Se contenter de parler de « pervers narcissique » et rester focalisé sur la question de la personnalité du manipulateur ne permet souvent pas aux victimes ni de comprendre ce qui leur arrive, ni de sortir des situations dans lesquelles elles se trouvent. Et ça c’est un vrai problème.
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Le deuxième point c’est de comprendre certains termes qu’on utilise indifféremment mais qui ne veulent pas dire la même chose !
Ainsi, entre les mots, « Manipulation », « Influence » et « Communication », quelles différences peut-on faire ?
Dans mon livre, qui sortira à la fin du mois de mars 2023, j’explique en détails la différence entre ces termes parce ces différences sont essentielles pour comprendre ce qu’est et ce que n’est pas une manipulation.
Ici, je vais résumer en disant que :
Communiquer n’est pas forcément manipuler. Mais manipuler c’est forcément communiquer.
Je le redis :
Communiquer n’est pas forcément manipuler. Mais manipuler c’est forcément communiquer.
Pourquoi je dis ça ?
Parce qu’il y a une chose fondamentale à comprendre quand on parle de manipulation :
Toute manipulation s’insère dans un système plus large de communication !
Pour le dire autrement, les manipulations, qu’elles soient relationnelles c’est à dire amoureuses, familiales, amicales, professionnelles, ou en vue de vous arnaquer financièrement ou qu’elles soient criminelles, sont toujours à la base des systèmes qui impliquent de créer et de réussir à maintenir une communication avec la victime même a minima.
Manipuler est un mode de communication et pour l’empêcher il va falloir comprendre tous les codes qui l’entoure.
C’est donc un système qui, pour fonctionner, a besoin : de personnes et de contextes
Les personnes sont la personne qui manipule et la personne ciblée par le manipulateur qui deviendra, si la manipulation réussie, une victime.
Mais il faut aussi et je dirais, surtout, des contextes.
Ces contextes sont :
– l’espace et le temps
– les situations
Mais il y a un type de contexte dont je veux absolument parler avec vous : les personnes co-responsables.
Qu’est-ce qu’une personne co-responsable ?
Tout sera détaillé dans le livre mais, pour faire simple ce sont toutes les personnes qui sont dans l’entourage du manipulateur et/ou de sa victime et qui favorise la création et la maintien des comportements de manipulations.
Je place ces personnes dans le contexte car elles ne sont en général pas des acteurs actifs dans la manipulation. Ce sont souvent leurs propres comportements qui va impacter de façon indirect la situation toxique.
Le terme co-responsable n’est pas choisi par hasard.
Certains ouvrages traitant de manipulation, ont utilisé ce terme pour parler des victimes.
Je ne soutiens absolument pas ce parti pris.
Qualifier une victime de « co-responsable » c’est recourir une inversion accusatoire qui déresponsabilise les responsables pour mieux blâmer les victimes.
On va consacrer le prochain épisode aux victimes donc on aura l’occasion d’approfondir cette idée, mais je tiens à le dire tout de suite : Une victime n’est JAMAIS co-responsable de ce qui lui est arrivé !
L’idée que certaines personnes, et même certains professionnels de santé, utilisent ce terme en parlant des victimes montre bien que la victimologie est encore une disciple incomprise.
Quand on parle de victime d’un vol à l’arrachée, on a pas l’idée de présenter la victime comme « co-responsable » du vol qu’elle vient de subir.
Pourtant, par une espèce de magie qui vient d’on ne sait où, certaines victimes se voient tenues comme « co-responsables » de ce qui leur arrive.
C’est le cas encore trop souvent dans le cas de violences sexuelles, mais c’est aussi le cas quand il s’agit des manipulations psychologiques.
Il y aurait donc deux catégories de victimes : celles qui n’y sont vraiment pour rien dans leur malheur et puis celles « qui l’ont d’une certaine façon quand même un peu cherché… »
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Une petite parenthèse avant de continuer : N’oubliez pas que le meilleur moyen de lutter contre les manipulations, c’est d’apprendre comment elles fonctionnent !
Et pour ça, si cet épisode vous aide mais que vous voulez aller encore plus loin pour combattre les manipulations, retrouvez-moi sur la Newsletter du site
C’est là que je réponds à vos questions et que je vous donne encore plus d’informations et de conseils.
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Dans le prochain épisode, on va parler des victimes de manipulations pour savoir qui elles sont.
On va continuer à étriller toutes les mauvaises idées et pratiques qui ont court quand il s’agit des victimes pour essayer de comprendre comment comprendre les manipulations, en sortir, et surtout, ne pas retomber dedans.
En attendant de vous retrouver jeudi dans 15 jours,
je vous remercie d’avoir écouté cet épisode et n’oubliez pas :
« Un grand bobard, commence toujours par une petite histoire. »